L’appui aux lycées Esteqlal et Malalaï

1- BREF HISTORIQUE :

Le soutien aux lycées Esteqlal (garçons) et Malalaï (filles) de Kaboul constitue l’un des fondements emblématiques de la coopération entre la France et l’Afghanistan dans le domaine éducatif. En 2002, la convention liant le ministère des Affaires étrangères (MAE) et l’AEFE (Agence pour l’Enseignement du Français à l’Etranger) a permis la création du Centre pour l’Enseignement du Français en Afghanistan (CEFA) et la réouverture de deux établissements. A la clôture du CEFA, le 31 août 2008, le MAE, via l’ambassade de France en Afghanistan, a pris le relais en soutenant le programme d’Appui aux Lycées Esteqlal et Malalaï (ALEM).
Dès 2009, la réhabilitation des lycées a été rendue possible à la faveur d’une subvention exceptionnelle du MAE et permis notamment de réorganiser les espaces administratifs et de compléter les équipements (mobiliers, informatique, matériel de laboratoire etc). Les travaux de réhabilitation réalisés avec le partenariat de la Mission Laïque Française (MLF) ont pris fin en octobre 2012 lors de l’inauguration par Monsieur Laurent Fabius de la nouvelle bibliothèque du lycée Malalaï.
A la rentrée 2013, les lycées Esteqlal et Malalaï scolarisent respectivement 4470 et 2688 élèves de la classe de 1ère (CP dans le système français) à la classe de 12ème (équivalent de la classe de terminale).

2- LE PROGRAMME BILATERAL DE COOPERATION EDUCATIVE : ALEM

Traditionnellement impliqué dans l’appui à l’enseignement du français, des sciences et la gestion des bibliothèques, ce programme de coopération a considérablement évolué à la suite d’un travail associant l’ambassade de France, les experts de la MLF et les partenaires afghans. Cette évolution a débouché dès 2010 sur l’octroi par les autorités afghanes d’un statut dérogatoire pour les deux établissements, aujourd’hui lycées expérimentaux et pilotes.
En 2013, le programme couvre les grands domaines suivants :

2.1- L’enseignement de la langue française :

Langue vivante étrangère officielle des lycées Esteqlal et Malalaï, le français y est enseigné à partir de la classe de 4ème (CM1 dans le système français) à plus de 5600 élèves.
Ce programme est animé par une équipe de quatre formateurs FLE (français langue étrangère) et s’appuie sur le projet pédagogique de la discipline fixant des objectifs à moyen terme, un plan de formation continue et un suivi individualisé des 16 enseignants afghans de FLE (6 au lycée Malalaï, 10 à Esteqlal).

La programmation 2013 couvre les actions suivantes :

•Le perfectionnement linguistique et didactique ;
•L’approfondissement des techniques d’évaluation orale et écrite des élèves ;
•La gestion du groupe classe (notamment les grands groupes) ;
•Le lancement de l’enseignement précoce du FLE dans les classes de 2ème et 3ème, et plus particulièrement l’enseignement de l’écriture latine et de la lecture pour favoriser l’apprentissage du français en classe de 4ème ; cette action s’appuie sur l’utilisation de deux livrets créés par les formateurs ;
•L’organisation du DELF scolaire ;
•L’introduction des TICE dans l’enseignement du FLE.
L’ONG française AFRANE est pleinement associée à ce programme. Elle soutient en effet 13 établissements scolaires en Afghanistan dont 4 proposent le français comme langue étrangère (à Charikar et Djalalabad) à environ 1500 élèves. La collaboration permet d’associer leurs enseignants au plan de formation ALEM assurant ainsi une harmonisation des techniques et contenus d’enseignement.

2.2- Le pilotage des lycées :

S’appuyant sur le statut d’établissements expérimentaux accordé en 2010 par le ministère de l’Education afghan, cet axe de coopération a pour objectif de soutenir la direction des lycées Esteqlal et Malalaï en les dotant des outils et principes de pilotage modernes. Apportant un appui aux personnels de direction (proviseurs et adjoints), chefs de département, personnels administratifs, ouvriers et agents de service, il couvre l’ensemble des aspects liés à la gestion d’un établissement :
•gestion administrative : préparation de la rentrée, gestion prévisionnelle des élèves et des ressources humaines, organisation des examens, etc ;
•gestion matérielle et financière : préparation, exécution et suivi d’un budget, construction et suivi d’une politique de maintenance mobilière et immobilière ;
•gestion de la vie scolaire ;
•plan de formation continue ;
•définition d’une politique éducative et culturelle : projet d’établissement ;
•appui à la construction d’une politique numérique.
A terme, les expérimentations réussies doivent être transférées aux autres établissements publics afghans. C’est déjà le cas en ce qui concerne la rédaction du nouveau référentiel du métier de chef d’établissement.

2.3- L’animation d’activités périscolaires :

Ce domaine d’activités, plus transversal, a pour objectif d’enrichir l’offre culturelle et éducative pour les élèves des lycées. Il s’est considérablement développé ces deux dernières années grâce à une collaboration renforcée entre les programmes de l’ambassade de France (Institut Français d’Afghanistan), programme de Soutien à l’enseignement du Français en Afghanistan et le projet de Renforcement des Systèmes de Sécurité) mais également à la faveur d’une plus grande implication des partenaires afghans. Il concourt au développement de l’axe culturel et éducatif des projets d’établissement.
La programmation 2013 couvre les actions suivantes :
- promotion de la langue et de la culture françaises : théâtre en français, exposition sur les pays francophones, activités autour du conte (activité menée en parallèle en langue dari pour favoriser le goût de la lecture chez les jeunes afghans), poésie, club de conversation... ;
- éducation à la citoyenneté en collaboration avec le projet RSS, la faculté de droit et les départements de sciences sociales des lycées ;
- journal scolaire trilingue (français, dari et pashto) ;
- fête du cinéma d’animation ;
- exposition scientifique : « Energies, pour un monde durable » réalisée par Centre - Sciences avec le soutien de l’institut français ;
- partenariat avec le service géologique d’Afghanistan dans le cadre des programmes scolaires des classes de 10ème (2nde dans le système français).
- orientation scolaire.

2.4- L’animation et la gestion des deux bibliothèques scolaires :

Les bibliothèques scolaires sont désormais entièrement rénovées : mobilier, signalétique adaptée, équipement informatique, connexion internet et logiciel de gestion. Elles disposent en outre d’un fonds documentaire riche de 8000 ouvrages à Esteqlal et 6000 à Malalaï.
L’assistance technique s’exerce dans le cadre d’un plan de formation qui vise à optimiser le fonctionnement de ces bibliothèques dans un contexte scolaire. Il privilégie la gestion des fonds documentaires (catalogage, gestion des prêts, politique d’acquisition etc.) et leur utilisation comme support aux activités pédagogiques et culturelles.
Un VSI spécialiste est en charge de cet axe qui s’adresse spécifiquement aux deux bibliothécaires des lycées mais également aux chefs de département. Les bibliothécaires de l’IFA et du département de français de l’Université de Kaboul sont également associés au programme de formation.

2.5- Le soutien à la modernisation des enseignements"hors FLE" :

Ce domaine est suivi par l’ETI chargé de la coordination pédagogique. Il aborde les thèmes suivants :
•soutien à l’enseignement des sciences expérimentales en privilégiant la réalisation de travaux pratiques planifiés et adaptés aux programmes scolaires. 6 séances annuelles sont prévues dans chaque niveau d’enseignement ;
•Poursuite de l’expérimentation de la méthodologie « main à la pâte » en collaboration avec le CNS, le département des curricula et le centre de formation des maîtres Sayed Jamaluddin ;
•Expérimentation des techniques d’apprentissage de la lecture et de l’écriture en dari dans les classes primaires (1ère à 3ème ) : mise en œuvre à la suite d’un constat montrant l’absence de formation des enseignants afghans dans ce domaine, elle s’appuie sur l’introduction expérimentale de kits pédagogiques développés par l’ONG AFRANE et a donné lieu à la formation de 40 enseignants des lycées Esteqlal et Malalaï en mars 2013. A terme, ce nouvel outil sera mis à la disposition du centre de formation des maitres de Kaboul pour être intégré à la formation initiale des enseignants.

2.6- Coopération avec le Centre national des sciences : soutien à la modernisation de l’enseignement des sciences expérimentales :

Dans le domaine scientifique, une première mission fut conduite dès l’année 2002 par des représentants de la fondation « Main à la pâte » et de l’Inspection générale du Ministère français de l’Education Nationale. Par la suite, et jusqu’à la fermeture du CEFA (Centre d’Enseignement du Français en Afghanistan), des missions de formation ont été organisées au profit des formateurs du Centre national des sciences de Kaboul, de l’Institut de formation des Maîtres (TTC Sayed Jamaluddin) et des enseignants des lycées Esteqlal et Malalaï.
Mis en sommeil depuis lors, cet axe de notre coopération a été associé aux projets SEFA (Soutien à l’Enseignement du Français) pour l’Université et ALEM pour le secondaire.
Le programme a réellement repris en mai 2010, à la faveur de la création d’un poste d’assistant technique placé spécifiquement en appui du CNS. Son interaction avec « ALEM » a été particulièrement stimulée par le développement expérimental de la méthodologie « main à la pâte » dans les lycées Esteqlal et Malalaï dès la rentrée 2012. Ce programme de modernisation de l’enseignement des sciences a naturellement été intégré à la programmation ALEM lors du départ de l’assistant technique en avril 2012.
En 2013-2014, le programme scientifique a pour objectif la généralisation de cette méthode basée sur l’expérimentation en s’appuyant d’une part sur la construction d’une valise pédagogique et d’autre part sur la formation initiale et continue des enseignants et techniciens de laboratoire en collaboration avec les formateurs du TTC et du CNS de Kaboul.

2.7- L’appui à la Direction générale de l’Inspection du ministère de l’Education :

Mis en œuvre à la suite à d’une demande formulée par le Vice-ministre Mohammad Sediq Patman, ce programme est mené depuis 2011 en partenariat avec la Mission Laïque Française.
Il a pour objectifs :
•l’organisation du corps d’inspection,
•la rédaction du référentiel du métier d’inspecteur,
•la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation du plan de formation.
A ce jour, quatre missions de formation ont eu lieu, construites en collaboration étroite avec le directeur général de l’inspection dans le respect des objectifs fixés par les autorités afghanes. Elles doivent donner à ces nouveaux cadres du Ministère de l’Education tous les outils nécessaires au pilotage de la politique éducative afghane.
Les formations sont animées par trois experts dépêchés par la MLF et s’adressent à 64 inspecteurs et cadres de la direction générale. Leur action est en outre complétée par des actions de formation locale : techniques de réunion et utilisation des outils numériques.
Enfin, suite aux demandes des partenaires afghan, l’équipement de la direction générale de l’inspection a été complété : rénovation d’une salle de réunion et équipement informatique (ordinateurs portables et imprimantes).

2.8- L’appui au Centre de formation des maîtres de Kaboul (TTC Sayed Jamaluddin) :

En janvier 2013, la France a repris son appui au Centre de formation des maitres de Kaboul :
- réhabilitation immobilière et création d’un service de maintenance en s’appuyant sur la convention signée avec les ministères afghans des finances et de l’Education ;
- Collaboration dans le cadre de la formation initiale et continue des professeurs : enseignement scientifique (sciences expérimentales et mathématiques), apprentissage de la lecture et de l’écriture en dari, introduction des TICE.

3- LE PROGRAMME DE COOPERATION EDUCATIVE DANS LE CADRE DU TRAITE FRANCO-AFGHAN :

L’article 6 du traité de coopération et le paragraphe 3.3 du programme de coopération qui lui est associé placent l’appui aux lycées Esteqlal et Malalaï de Kaboul au centre de l’action du programme ALEM avec la volonté de mutualiser les expérimentations réussies aux autres établissements scolaires. Les évolutions actuelles et à venir du programme de coopération se situent dans ce contexte.

Publié le 10/09/2013

haut de la page