Afghanistan - Une triple priorité : démocratie, paix et développement [fa]
« Excellence,
Mesdames, Messieurs,
Cette conférence se tient à un moment charnière et je remercie le gouvernement afghan et les Nations unies pour son organisation. Elle doit nous permettre de faire un point d’étape sur la trajectoire de l’Afghanistan vers la paix et la stabilité, la démocratie et le développement économique et social.
Les progrès réalisés sont indéniables, comme l’illustrent la tenue des élections parlementaires et la préparation de l’élection présidentielle. Ces élections auxquelles les femmes ont largement pris part ont montré le désir de paix du peuple afghan qui s’est mobilisé le 20 octobre avec courage, malgré les menaces et les attentats.
Pour autant, un chemin reste à parcourir. Dans cette épreuve, la France continuera de se tenir aux côtés du peuple afghan : son engagement est ancien, bientôt centenaire, et durable ; elle a versé le sang de ses soldats pour contribuer à la paix ; et elle reste liée par un traité d’amitié et de coopération depuis 2012, au champ particulièrement large, couvrant les questions sécuritaires, économiques, culturelles et éducatives.
À ce stade, je mettrai l’accent sur trois priorités.
La poursuite du processus électoral tout d’abord. Celui-ci doit être libre et transparent. Les faiblesses identifiées lors des législatives doivent être corrigées pour la présidentielle. Car la confiance envers des institutions crédibles et des représentants légitimes est un gage de la paix. La France veillera à ce que l’Union européenne continue d’accompagner ces efforts, de même que les Nations Unies et l’OTAN, pour aider les forces afghanes à prévenir et combattre les violences, dont le seul objectif est d’empêcher le peuple afghan d’exprimer sa volonté.
La poursuite du processus de paix ensuite. Celui-ci doit être inclusif, conduit par les Afghans et pour les Afghans, et se concrétiser par une paix négociée avec les talibans, en vue d’une stabilité durable comme le propose le gouvernement d’unité nationale. Cela exige d’exprimer de part et d’autre les conditions acceptables et nécessaires d’un exercice intégré du pouvoir, dans le cadre institutionnel prévu par la Constitution. Tous les Etats de la région ont l’obligation d’user de leur influence pour convaincre les talibans de participer de manière constructive à ces négociations. Les efforts de la communauté internationale doivent en outre être concertés et non concurrents.
La poursuite du développement économique enfin. Celui-ci suppose des réformes ambitieuses de gouvernance et des mesures effectives de lutte contre la corruption, la criminalité organisée et le trafic de drogue, ainsi que par la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, pour permettre la pleine participation de ces dernières à la consolidation de la paix et au développement du pays. La France restera aux côtés du peuple afghan et continuera de soutenir ses efforts dans les domaines de l’éducation, de la santé, des services de base à la population, de la culture et du patrimoine, conformément à ses engagements pris à Bruxelles.
Nous souhaitons ainsi que notre prochain rendez-vous, dans deux ans, marque des projets majeurs réalisés sur ses trois priorités, intrinsèquement liées : démocratie, paix et développement, dans le respect de la volonté et de la dignité du peuple afghan, auquel la France reste liée par une profonde amitié. »
Conférence ministérielle sur l’Afghanistan, intervention de M. Nicolas de Rivière, Directeur Général des Affaires politiques et de Sécurité, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères - (Genève, le 28 novembre 2018)